
Didier-Michel Bidard
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J'ai une mygale
dans le cerveau
qui s'lave les dents à l'ultra-brite
elle n'a pas payé la case vide
qu'elle me loue en monnaie d'singe...
J'ai un monstre du Loch Ness
dans l'bout des doigts,
qui se ronge les ongles
et se fait du mauvais sang
pour son p'tit ami vampire
qu'a joué la fille de l'air sans avoir l'air
Dans mon cour
j'ai un assassin en plein hiver
qui assassine de sang-froid
une Sentinelle au fond de moi
un assassin d'assassins !
Dans ma tête
j'ai un musicien fou
qui escamote les touches
d'un vieil orgue électronique
acheté à crédit.
Il s'est trompé d'adresse toute sa vie
et n'a jamais su pourquoi
- il fallait raser les murs
- avoir du pain sur la planche
- toucher du bois
- ne jamais courir deux lièvres à la fois...
Dans ma tête à moi
il y a une biche qui brame
à la lumière d'un bordel
elle a perdu son p'tit faon délicieux
cet orphelin d'chapelle
sur le haut de mes lèvres
sur le bout de ma bouche
une nuit blanche
dans un faux-jour...
J'avais aussi quelque chose dans le ventre
c'était mon gosse avec ses trois malheureuses dents
ses huit mois d'candeur
et son sourire désespérant...
Mon gosse à moi, le fils de mon épouse, de ma nana,
celle qui s'est barrée
dans une 2 CV qui ne valait pas 50 F
qui n'valait pas l'coup d'tenter l'coup...
Je possédais tout cela
des rêves de châteaux en Espagne
un gosse entre les patte
sune épouse aux fourneaux
et le velours de vos compliments
ah ! ah ! celui de vos condoléances !
On m'a aimé comme un bon film avec carré blanc
pour la teneur, pour la pudeur,
chaussé bien au chaud d'vant son p'tit Martini !
On a détruit en moi
tous les Bonnots du Carrosse
les Arsène Fauchés
et les contes de fées
on m'a fait aimer en échange
le regard triste des pissotières
et la langueur des bouches d'égoût,
c'est peu...
Quand je me rencontre, j'essaie de m'éviter.
J'ai découvert l'Absurde
et il a pris froid
c'était un nouveau-riche
à manteau de vision
qui gambergeait dans la luxure
pour le plaisir des moquettes !
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