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Didier-Michel
Bidard
Préface Post-scriptum Chantal... Table des matières L'ang(l)e grave

Les auteurs invités

Didier-Michel Bidard

 

Elle retira sa jupe...

Nous sommes tous des sales Boches
en instance de divorce !


Son slip lui faisait mal, la brûlait
entre les cuisses,
frottement douloureux de la marche,
elle passa deux doigts entre l'ourlet de dentelle
et sa peau,
écrasant sa sueur...

Nous sommes tous des sales Boches
en instance de divorce !


Les yeux lourds de fatigue
elle se laissa tomber ainsi à demi dévêtue
sur le cosy de la chambre, ses jambes nues se balançaient
sur le rebord du lit.
Elle resta dans cette position
un bon quart d'heure
essuyant sa fatigue
en se caressant les jambes
d'un va-et-vient des mains...
Dehors, la chaleur était espagnole
et les enfants juraient
des mots anonymes à la rue.
Les stores étaient baissés
laissant choir un rayon de là-bas
sur le couvre-lit rose cru.

Nous sommes tous des sales Boches
en instance de divorce
et la nuit s'apprête à nos envies
à nos désirs allemands...


Elle se releva soudain
retirant son chandail
ses chaussures et son slip,
la porte de la salle de bain
claqua derrière ce corps offert
et l'eau chanta, invisible,
étouffée par un galop de l'extérieur...

Nous sommes tous des Pierrot
quand la lune est pleine
pareille à la fille-mère
que nous avons mordue.


Élisa connaissait le secret des ondées,
la pluie et son tourment,
le crachin dans la mousse et la rosée pâlote.
Elle passa vivement sous la douche
aux maussades carreaux de faïence en débris
et savoura pleinement
le temps qui s'arrêtait...

Les jeunes de maintenant
sont déjà de vieux cons !
Nous sommes tous des victimes de l'Imagination
et nos âmes sont pourries
de désirs en impasse
sur la machine à sous du quartier !


Elle jeta sur ses épaules
sa robe de chambre en mousse
et sortit sur le palier
frapper à la porte d'Hermine :
« Peux-tu me masser les reins ? »
lui dit-elle.

Nos pensées sont comme des photos d'Hamilton
pleines de ressources pour la Solitude.

Et moi
je suis un policier
malaxeur de métèques
et d'algériens cocufiés,
je suis un crucifié
éprouvant le plaisir d'une dissertation,
je suis un conducteur
en état de vitesse et d'ivresse,
au feu vert du gendarme
je stoppe et j'écorche vifs mes pare-chocs
aux blessures des platanes.

J'ai mille costumes de guerre
dans les sapins canonisés.

Moi,
je vis à la colle
avec mes douleurs d'archevêque,
je vous l'ai dit,
nous sommes tous des sales Boches
en état d'alerte,
du barbelé aux dents,
en instance de divorce
et là-bas
il y a Élisa
et son amie sur le ventre
qui jouent à Sodome et Gomorrhe,
Élisa mon amour,
Hiroshima
Minamata...


Elle était nue
et un sourire perlant sur sa bouche
s'activait à sa beauté
« C'était bien... »
Toutes deux reposaient
la tête au creux des oreillers,
dehors le bruit des carosses en deuil
et les sanglots blafards d'un gosse en marmelade
leur parvenaient de la nuit,
« C'était bien... »

C'était l'Après-Guerre des années démolies,
au clair matin d'avril
au soleil étonnant,
la troupe est passée
ne laissant derrière elle qu'une haine
sanglante aux testicules des hommes.
« Ami, entends-tu le viol noir
des corbeaux sur nos femmes... »
Un vieil évêque chantait
pour le brillant des médailles,
« À NOS ENFANTS MORTS POUR LA FRANCE. »
on tuait les enfants en ce temps-là,
le temps des cerises en plomb,
et Monseigneur-Son-Éminence
déblatérait des épitaphes à cent sous
pour le bonheur des Sinistrés
autrefois.
Il était autrefois...


Hermine avait blotti sa cuisse
entre les jambes d'Élisa,
elle sommeillait
ses longs cheveux de jais
rejetés en vagues folles sur l'oreiller.
Sa main plaquait le sein de son amie
à la douceur de sa paume,
toutes deux étaient ainsi serrées,
l'une en l'autre,
bien au chaud de cette lourde odeur,
dans les draps de couleurs vives...

Je suis un Voyeur
et j'ai vu l'Évidence chez les enfants ;
ils avaient çà et là
à leurs haillons bizarres
des épingles-nourrices pour le décor,
je vous le dis, nous sommes tous
sans aucune exception
des salauds centenaires
dans la tête des gosses,
nous jouissons de la Mort
en la frôlant de nos bottes,
mon étoile est une angoisse permanente, la vôtre aussi.
Nous sommes des bâtisseurs de cathédrales d'illusions
en béton armé
que l'on désarmera dans...
Peu de temps, le temps d'un soupir
et tout s'écroule,
notre époque est à sens unique,
nous vivons de science-fission
pour l'Esthétique d'un lampadaire !


Élisa caressait lentement
le ventre d'Hermine
laissant crisser ses ongles nacrés
entre les poils
de ce triangle
noir - énigmatique,
sa main descendait parfois
écartant de force
les cuisses,
ses paumes se collant
au sexe humide de son amie gémissante.
Hermine resserra brusquement les jambes
emprisonnant
une de ses agaçantes mains,
mouleuses, excitantes.
Élisa se retourna et se jeta de tout son long
sur Hermine
lui prenant goulûment la bouche
de sa langue, de ses lèvres...

Quand on n'avait pas de pot
on chiait dans nos casques
et on s'torchait l'cul
avec un drapeau en berne sur nos envies masculines.
Nous taillions dans les morts des biftecks de luxe
et l'ennemi reculait vers un autre ennemi
d'un autre espace, d'un autre temps.

En l'An 1985, nous referons la Guerre
avortant de luxure et de Modern' Styles oubliés.
Nous sommes tous de sales Boches
en quête de pouvoirs et d'extrême alchimie...


Élisa embrassait et mordillait
les pointes de seins de sa compagne,
sa langue palpitait
chercheuse d'un plaisir
dans ses grains de chair ferme.
Hermine, les jambes écartées
recevait les mains d'Élisa
comme une prière à l'Amour.
La bouche glissa entre les seins,
sur le ventre, dans le creux des hanches.
Hermine prit la tête de son amie
et la poussa vers le bas du ventre ;
La langue découvrit
deux lèvres secrètes à l'humide désir.
Élisa mordillait, ses lèvres parallèles
à ce fruit juteux,
puis elle tira la langue, doucement,
électrique, et se faufila très loin,
très fort,
jusqu'au plus profond d'Hermine.
De se mains libres, elle pétrissait
les fesses qui se crispaient, se tendaient
et se décontractaient
sous ses habiles caresses.
Élisa goûta
à ce fabuleux coquillage
qu'est le sexe d'une femme,
mordant parfois férocement
un clitoris
en pétales d'amour...

La merde tout autour de nous
la boue sur nos godasses
nous avancions
avec cette impression de recul,
Brigade de Choc, la peur dans les yeux !
Nous étions les laboureurs
d'une terre stérile,
un soleil nous oublia
dans un quelconque blockhaus... ... ...


Alors elles s'endormirent
sans rêves
et sans cauchemars...

Nos haches se sont cognées
aux troncs implacables de la forêt
et un village naquit.
Mais il y avait en chacun de nous
la peur de l'Autre dans le creux de nos yeux.
Je vous l'ai dit
nous sommes tous de sales Boches
en instance de divorce.
La Terre est notre épouse et nous la consumons
à coups de fer de lances.
Élisa
Hermine
ne sont qu'un rêve
Hiroshima
Minamata
de fumée...

   
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