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Devine qui a frappé ?
Prologue
Anno aetatis suae...
 


  Les Quaziams étaient passablement satisfaits. L'un des leurs achevait enfin de mourir. L'un, ou plutôt l'une  ; et ce n'était pas un moindre paradoxe que de pouvoir accoler un genre aussi précis à cette flamme qui s'éteignait.
   Car femme, la moribonde l'était restée sa vie durant, alors qu'une quinzaine d'autres sexes lui étaient accessibles, certains compatibles, d'autres moins, voire pas du tout. Elle aurait en outre pu opter pour une trentaine d'androgynies parmi les plus couramment pratiquées, ou s'essayer à quelque cent variantes asexuées particulièrement éprouvées.
   Or, aux dernières phases du rituel d'agonie, la créature assumait chacune de ces formes tour à tour, revenant toutefois à son identité première entre deux métamorphoses. Peut-être recherchait-elle une enveloppe qui put adoucir la mort ? Plus vraisemblablement s'agissait-il d'un ultime pied-de-nez à ses semblables.

   Le Cercle des Communicants avait aussitôt contacté les Astraux, profitant de ce que la mourante n'était plus - ou pas encore - en état de contrecarrer leurs projets. On peut appartenir à une race parvenue aux marches de l'Au-delà, posséder la sagesse et la connaissance universelle, maîtriser l'espace, le temps et les dimensions de charme, côtoyer le monde des purs esprits à longueur de cycles, savoir, enfin, que la mort n'est qu'une formalité bientôt inutile, et ne pas supporter pour autant les emmerdeuses.
   
Et celle-ci en était une fameuse !

   Les Astraux s'étaient fait prier, pour la forme. Mais la perspective de compter sous peu une telle entité dans leurs rangs avait, sans trop de marchandages, eu raison de leur bonté, leur loyauté, leur équité, toutes plus infinies les unes que les autres. On tirerait parti de son hébétude passagère pour l'expédier de l'Autre Monde vers l'Ailleurs, ce qui n'était pas si terrible après tout, ni exceptionnel chez les Astraux. La plupart en revenaient, et l'on était tranquille un bout de temps.

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  (à suivre)
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