Emprisonne les
vains mots,
Ne délivre pas un bout de soupir,
Bois ce décor grandiose et beau,
Vois-le, imagine et admire.
Détache-toi des liens du temps
Et libère tous tes émois
À l'écoute des mots doux du vent,
Détenteur des secrets d'autres voix.
L'oreille tendue
au silence
Qui nous protège et nous entoure,
Délecte-toi de la chance
De le sentir partout qui court.
Cause donc avec les étoiles,
Ces traceuses fugaces aux mille mains
Qui impriment sur la céleste toile
Les chemins bizarres de nos destins.
Réfléchis
avec le grand étang,
Marie-toi à son eau limpide,
Jette le vœu au creux de ses flancs
D'avoir comme lui une vie sans ride.
Abreuve tes pensées de cette pluie,
sœur salvatrice des bois,
Elle nous déverse dans la nuit
Une musique aux tons d'autrefois.
Fixe les pointes
de l'aurore,
Enivre-toi du soleil naissant,
Réveil sanguin d'une terre qui dort,
Captive des désirs inconscients.
Il nous a devinés, nous éclaire
Et ratisse nos yeux de ses feux ;
Lavons-nous dans sa prime lumière
Descendue s'unir à nos yeux.
Alors entrave
toute parole,
Un chuchotement pourrait briser
L'ondulation de l'aube corolle
Qui, furtive, vient s'installer.
Elle entraîne le petit matin
Dans la complicité du silence ;
Jouissons d'être les seuls témoins
De cet éveil matinal intense.
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